Salut Pauline ! Merci de prendre le temps de discuter avec nous. Peux-tu te présenter et nous parler un peu de ton parcours dans le judo jusqu’à présent ?
Pauline Cuq : Bonjour, je suis Pauline, j’ai 19 ans et je suis une judoka de haut niveau. Contrairement à beaucoup d’autres filles, j’ai commencé par le patinage artistique. J’ai découvert le judo un peu plus tard à l’âge de 11 ans. Ce qui me passionne le plus dans ce sport, c’est l’aspect du combat, le contact avec l’adversaire. J’ai intégré rapidement une section sportive et actuellement, je m’entraîne quotidiennement à l’INSEP. En ce qui concerne mon palmarès, j’ai remporté deux médailles aux championnats d’Europe juniors, je suis championne de France junior et j’ai obtenu la troisième place au championnat de France senior. Je suis déterminée à continuer à progresser chaque jour.
Wow, c’est impressionnant ! Quels sont tes objectifs et tes aspirations en tant que membre de l’équipe de France de judo ?
Pauline Cuq : En tant que membre de l’équipe de France de judo, mes objectifs pour cette année sont principalement axés sur les championnats d’Europe et du monde junior. Étant encore dans la catégorie des moins de 21 ans pour une année supplémentaire, je vise à décrocher mes premières médailles mondiales cette année. Mon ambition à plus long terme est de performer lors des grands slams, des championnats d’Europe et du monde seniors, et ultimement de viser une participation aux Jeux olympiques de 2028.
“Le judo exige une forte résilience mentale, tant dans les moments de dépassement de soi à l’entraînement que dans la dimension tactique des combats”
On dit souvent que le judo nécessite autant de compétences mentales que physiques. Comment appliques-tu cette mentalité dans ta vie quotidienne et dans ta carrière sportive ?
Pauline Cuq : En effet, le judo exige une forte résilience mentale, tant dans les moments de dépassement de soi à l’entraînement que dans la dimension tactique des combats. C’est un sport complet qui me permet de développer des compétences mentales essentielles, et cela influence grandement ma vie quotidienne, notamment dans mes études et mon organisation. Cette mentalité m’aide à rester concentrée et déterminée, à établir des priorités et à rester focalisée sur mes objectifs, que ce soit sur ou en dehors du tatami. Le mental est un atout crucial, surtout lorsque les combats deviennent difficiles et que la performance se joue sur la volonté et la maîtrise de soi. C’est là que se distinguent souvent les athlètes qui possèdent des compétences similaires sur le plan physique.
“Avoir des parents pharmaciens a indéniablement été un atout dans mon parcours et mon développement en tant que judoka”
Peux-tu nous parler un peu du coût d’une saison en tant que judoka de haut niveau et de la manière dont tu finances cela ?
Pauline Cuq : En effet, tout cela engendre des coûts, notamment les déplacements pour retourner à mon club d’origine à Niort, qui ne dispose pas des mêmes budgets que les grands clubs parisiens. Participer à des stages ou des compétitions implique également des frais supplémentaires, comme les billets d’avion et les frais d’hôtel. Pour rester compétitive et être sélectionnée en équipe de France ou participer à des compétitions individuelles, je recherche activement des sponsors, tels que Cheminées Poujoulat et STC Nutrition, qui m’accompagnent depuis un certain temps, ainsi que récemment Pharmagency, qui me soutient pour la saison 2024.
Parlons maintenant de tes parents, qui sont pharmaciens. Comment leur métier a-t-il influencé ton parcours et ton développement en tant que judoka ?
Pauline Cuq : Avoir des parents pharmaciens a indéniablement été un atout dans mon parcours et mon développement en tant que judoka. Leur connaissance de la physiologie et des besoins physiologiques m’a été extrêmement bénéfique. Ils étaient en mesure de me conseiller dès que je rencontrai de petites blessures ou des bobos courants dans le judo, un sport de combat où les entorses et les tendinopathies sont fréquentes. Leur présence m’a rassurée et ils m’ont guidée sur les mesures à prendre pour me soigner. De plus, ils étaient plus informés que la moyenne en ce qui concerne les aspects liés au sport, que ce soit en termes d’ostéopathie, de soins ou de nutrition. J’ai pu discuter avec eux de ces sujets et cela m’a grandement aidé à professionnaliser ma pratique sportive !
Quels parallèles peux-tu faire entre le monde exigeant du judo de haut niveau et les défis auxquels sont confrontés tes parents en tant que pharmaciens ?
Pauline Cuq : Je crois que le monde exigeant du haut niveau sportif, tout comme celui de la santé avec les défis auxquels mes parents sont confrontés en tant que pharmaciens, requièrent tous les deux une réactivité et une adaptabilité à toute épreuve. Que ce soit sur le tatami ou dans leur métier, il y a toujours des situations imprévues qui demandent une réponse rapide et efficace. Ce mode de fonctionnement, cette manière de penser est essentielle aussi bien dans le judo que dans le domaine de la pharmacie. Avoir observé mes parents agir ainsi et m’expliquer l’importance de cette approche m’a permis de mieux comprendre certains aspects de mon sport également.
La discipline, la persévérance et la gestion du stress sont des compétences importantes dans le judo. Comment ces compétences t’ont-elles été utiles en dehors du tatami, notamment dans tes études ou dans d’autres aspects de ta vie ?
Pauline Cuq : La gestion du stress, la maîtrise de l’événement et le sens de la discipline sont des compétences qui m’ont énormément aidée dans tous les autres aspects de ma vie. Le stress ne sera jamais aussi intense, impressionnant ou pesant que lors d’un championnat du monde à l’autre bout du globe. J’ai déjà eu l’occasion de me retrouver dans des situations inhabituelles, comme lors du championnat du monde 2021 en Équateur, ou dans des endroits surprenants comme le Kazakhstan. Ces expériences m’ont appris, dès mon plus jeune âge, à me débrouiller seule, à voyager seule et à prendre l’avion. Elles m’ont également conféré une certaine autonomie et une capacité à gérer le stress des événements. Je pense que je suis plus à même de
faire face à des situations stressantes, comme des examens ou des partiels, plus facilement qu’une personne lambda, grâce à ces expériences sur le tatami.
“Un grand merci à eux”
Enfin, quel message aimerais-tu transmettre à nos lecteurs pharmaciens ?
Pauline Cuq : Je tiens vraiment à les remercier. En grandissant dans un environnement lié à la pharmacie, je réalise à quel point leur travail est précieux et indispensable pour le bon fonctionnement de notre système de santé en France, qui est bien organisé par rapport à d’autres pays. Leur dévouement et leur engagement dans leur métier sont remarquables, et je suis profondément reconnaissante pour tout ce qu’ils ont fait. Donc voilà, un grand merci à eux.